Comparée par la critique française à Marcel Pagnol et à Maurice Pialat, se réclamant de Ken Loach et des westerns américains, Louise Courvoisier possède indéniablement une signature unique… Vingt Dieux annonce avec éclat et fraîcheur la venue d’une nouvelle voix qu’il faudra suivre sans faute...

Louise Courvoisier relate l’apprentissage de ce jeune homme avec un mélange de précision documentaire et de désinvolture solaire. La palette lumineuse et saturée est absolument irrésistible. La mise en scène n’attire pas indûment l’attention, mais elle n’en témoigne pas moins d’un œil attentif et, après examen, d’une planification rigoureuse. On pense, entre autres, à ce plan séquence d’ouverture campé dans une fête de village et à l’issue duquel on rencontre Totone. Ou encore à la découverte, de nuit, de la voiture accidentée : une scène filmée comme un cauchemar naturaliste. En filigrane, la cinéaste salue le monde paysan, son labeur, sa résilience… Extraordinaire dans tout ce qu’il a d’ordinaire, Totone prend valeur de symbole. Cela étant, si le film ne manque pas de sous-textes (social, économique, politique), qu’il est parlant, il reste d’abord et avant tout divertissant.

Avec Vingt Dieux, son premier long-métrage présenté dans la sélection Un Certain Regard, Louise Courvoisier avait envie de filmer son territoire, le Jura, et de raconter sa jeunesse. Celle qui a été lauréate du premier Prix de La Cinef en 2019 avec son film de fin d’étude Mano à Mano, a ainsi imaginé l’histoire de Totone et de sa bande de potes dans la campagne de son enfance, au pays du Comté, fromage noble qui fait vivre toute une région autour de sa production. […] Célébrant l’amitié et la solidarité, Vingt Dieux séduit par sa bonne humeur contagieuse et son énergie folle, insufflées par des personnages sans filtres et foncièrement attachants. La grande réussite de ce premier film se trouve incontestablement dans les protagonistes imaginés par sa jeune auteure et propulsés par des comédiens désarmants de naturel. Vingt Dieux a pour lui sa grande authenticité et sa chaleur qui lui confèrent ce charme irrésistible, avec sa troupe de jeunes adultes en quête d’eux-mêmes, emplis de fougue mais bardés d’insécurités et de doutes. Mélange de détermination et de fragilité, son acteur principal, Clément Favreau, dévore l’écran et porte avec talent cette épopée revigorante au coeur aussi grand et fondant qu’une meule de Comté.