Wajib

Séance du
  • Réalisation: Annemarie Jacir
  • PSE, 2017
  • 96 minutes
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Wajib

Shadi, installé à Rome, revient à Nazareth pour aider à la préparation du mariage de sa sœur Amal. Avec son père, il va délivrer en mains propres les invitations à tous ceux dont ils espèrent la présence. Road-movie urbain, mêlant humour et drame, Wajib prend prétexte des tensions entre le père et le fils pour évoquer la situation des Palestiniens d’Israël.

DS

Générique

Réalisation
Annemarie Jacir
Scénario
Annemarie Jacir
Production
Ossama Bawardi
Photographie
Antoine Héberlé
Montage
Jacques Comets
Musique
Koo Abuali
Interprétation
Mohammad Bakri (Abu Shadi), Saleh Bakri (Shadi), Tarik Kopty (Abu Murad), Monera Shehadeh (Um Murad)
Origine, année
PSE, 2017
Durée
96 minutes
Distribution
Trigon-Film

Motivation / Citation

«Wajib – L’invitation au mariage dessine une carte psychologique et géopolitique de la vie en Israël entre les communautés musulmane, chrétienne et juive.»

Antoine Duplan
Le Temps, 1.3.2012

Commentaires

«Dans cette querelle, on comprend que toute l’histoire familiale, la séparation des parents, la dispersion des enfants, résonne avec celle de cette ville aussi difficile à habiter qu’à quitter pour un Palestinien. Au-delà de cette confrontation parfois un peu trop démonstrative, la part la plus forte du film est son hors-champ, sa manière de suggérer par petites touches des tensions plus profondes et vastes. Shadi, qui est architecte, voit dans la laideur de la ville, avec toutes ses bâches, ses mobiliers en plastique, ses monceaux de poubelles, une manifestation du laisser-aller et de l’abdication de ses habitants, dont son père est à ses yeux l’incarnation. D’autres détails révèlent des discriminations, des inégalités, comme cette panique qui envahit le père lorsque, dans un quartier cossu, il renverse un chien appartenant à des juifs. Une autre forme de violence et d’égoïsme éclate lorsqu’à deux reprises (une fois par la parole, une autre par un acte agressif), il est signifié aux protagonistes qu’ils ne peuvent se garer là où ils le veulent, que cette place n’est pas pour eux, qu’elle est réservée à d’autres.»

Marcos Uzal
Libération 13.2.2018

«  Le film est d’une grande douceur mais les conflits affleurent. Ils sont même omniprésents…

Bien sûr  ! La relation entre le père et le fils est conflictuelle, le rapport entre les différentes générations est conflictuel, et il y a aussi des conflits dans l'ensemble de la communauté palestinienne, parce que certains sont partis à l’étranger et d'autres sont restés. Tout le monde n’a pas la même attitude face aux Israéliens. (...)
l y a aussi dans le film une critique du pouvoir palestinien, de sa gouvernance et de sa corruption. On ressent également des rapports difficiles entre les différentes classes sociales. Le public palestinien comprend toutes les nuances de ce tableau de société, avec ses oppositions. Mais en tant que cinéaste, j'ai naturellement envie que le film parle aussi à ceux qui ne connaissent pas la Palestine  de l'intérieur. Je suis très précise dans ma façon de montrer cette société mais cette vérité est pour moi aussi ce qui peut nourrir l'histoire, tout simplement, et la rendre vivante pour tous les spectateurs. Les moments que je préfère sont ceux où plus personne ne parle. Les silences sont importants, ils contribuent à créer cette atmosphère douce où les conflits ne sont pas ouverts. C'est plus intéressant pour moi, en tant que cinéaste, de travailler dans cette tonalité que de construire un drame.

C’est donc aussi votre manière d’aborder le conflit israélo-palestinien  : sans dramatiser les enjeux…
C'est la même chose, oui. Tout le monde peut être d'accord sur le fait qu'une occupation militaire n'est jamais une bonne chose. Après, les gens peuvent avoir des discussions sur la violence militaire, sur son niveau de gravité, sur ses effets. Mais, en tant que cinéaste, montrer cette violence ne m'intéresse pas particulièrement. (...)
Qui a raison dans le film  ? Le père, qui est resté à Nazareth ? Le fils, qui a préféré partir en Italie et ne revient qu'en visite avant le mariage  ? Je ne sais moi-même que répondre. Je comprends ces deux personnages, car j'ai vécu l'une et l'autre de ces situations. Je suis née en Palestine, je suis partie, je suis revenue. C'est mon pays mais je ne peux plus y vivre comme quelqu'un qui ne l'a jamais quitté.»

Frédéric Strauss
Télérama, 16.2.18

Prix (Sélection)

2017
Dubai International Film Festival : Bester Film/Meilleur film
2017
Locarno Festival : Don Quijote Preis der Internationalen Vereinigung der Filmclubs, Premio Giuria dei giovani, Premio ISPEC CINEMA
2018
Prishtina International Film Festival : Bester Film/Meilleur film

Filmographie

2017
Wajib
2012
When I Saw You
2008
Salt of this Sea