What Do We See When We Look at the Sky?

Séance du
  • Réalisation: Alexandre Koberidze
  • DE / GE 2021
  • 150 minutes
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What Do We See When We Look at the Sky?

C’est le coup de foudre, quand Lisa et Giorgi se rencontrent par hasard dans les rues de Koutaïssi, en Géorgie. L’amour les frappe si soudainement, qu’ils en oublient même de se demander leur prénom. Avant de poursuivre leur chemin, ils décident de se retrouver le lendemain. Ils sont loin de se douter que le mauvais oeil leur a jeté un sort.

Générique

Réalisation
Alexandre Koberidze
Scénario
Alexandre Koberidze
Production
Mariam Shatberashvili
Photographie
Faraz Fesharaki
Montage
Aleksandre Koberidze
Musique
Giorgi Koberidze
Interprétation
Ani Karseladze (Lisa), Giorgi Bochorishvili (Giorgi), Oliko Barbakadze (Lisa), Giorgi Ambroladze (Giorgi)
Origine, année
DE / GE 2021
Durée
150 minutes
Distribution
Cercamon World Sales

Citation

« Il est question d’amour, de mauvais oeil, de chiens
et de footballmais aussi de la magie du cinéma,
qui permet de révéler ce que l’on ne peut voir à l’oeil nu. »

Céline Rouden
La Croix, 23.02.2022

Commentaire

Il y a les films qui vont droit au but et ceux qui s’oublient sciemment en chemin, car c’est la divagation qui leur importe, la flânerie conçue comme principe poétique. De poésie, le second long-métrage d’Alexandre Koberidze, jeune cinéaste géorgien, né en 1984 à Tbilissi, en regorge. Non pas cette poésie autoproclamée qui tord la réalité sous l’effet d’un caprice d’auteur, mais celle qui se recueille directement à la surface des choses, si tant est que l’on veuille bien leur prêter attention.

Sous le ciel de Koutaïssi, révélé lors de la Berlinale 2021, le fut sous son titre international What Do We See When We Look at the Sky ? : « que voyons-nous quand nous regardons le ciel ? ». Devinette en guise de frontispice qui traduit assez bien de quoi il retourne : du regard qui, comme le vent, se pose où il veut et transfigure tout ce qu’il touche, transformant le plomb en or et les grenouilles en princes. […]

D’emblée, c’est un pacte magique que le film établit avec son spectateur, en lui demandant notamment, pour admettre la transformation de ses héros amoureux, de fermer les yeux entre deux tintements, comme s’il lui revenait de rêver la chose. Or, le mauvais sort ici en jeu agit moins comme catalyseur de suspense et de péripéties qu’il n’ouvre pour ses personnages une parenthèse, qui permet surtout au film d’opérer un pas de côté, de se tourner vers la ville dont il brosse un portrait facétieux et vagabond. 

Il y aura donc des jeux d’enfants, des allées et venues, des coins de rue, des bras de fleuve, des soirs qui tombent, des jours qui se lèvent, du vent dans les feuilles et, surtout, des visages glanés aux quatre coins de la cité. Koberidze se sert de la fiction comme promontoire pour capter, en une mosaïque d’instantanés, le réel dispersé, sans avoir à le rassembler sous la coupe d’un discours généralisant. […]

Une voix off facétieuse repeint chaque bribe de banalité en aventure extraordinaire : comme ces chiens errants qui se rendent à tel ou tel café pour y voir les matchs de foot. De même, la merveilleuse musique de Giorgi Koberidze, frère du cinéaste, appose commentaires impressionnistes et contrepoints drolatiques au flot des images. L’attention aux objets dessine une cartographie secrète. Ceux-ci semblent munis d’une vie propre, comme ce ballon de foot qui, au terme d’une partie d’anthologie entre gamins filmée au ralenti, vogue en solitaire sur le cours impétueux du fleuve Rioni.

Il ne faudrait pas pour autant en conclure à un dilettantisme inconséquent. Ce qui se dessine ici est bien de l’ordre d’une politique de la proximité : observer ces choses que l’on touche du doigt ou caresse du regard, c’est révéler les mille histoires dont le monde est tissé, les infradestinées qui le sous-tendent. Et c’est au cinéma que revient de découvrir cette beauté enfouie du quotidien, en chassant les mauvais sorts qui la rendent aveugle à elle-même. Le cinéma ou la plus prosaïque des magies.

Mathieu Macheret
Le Monde, 23.02.2022


Filmographie

2021
What Do We See When We Look at the Sky?
2019
Linger on Some Pale Blue Dot
2017
The Perfect Spectator (Kf/cm)
2017
Let the Summer Never Come Again
2015
Colophon (Kf/cm)
2013
Looking Back is Grace (Kf/cm)

Prix (sélection)

2022
International Cinephile Society Awards: Best Editing
2021
Berlinale: FIPRESCI Prize (Competition)
2021
Chicago International Film Festival: Best Screenplay
2021
Mar del Plata Film Festival: Special Jury Award
2021
Seville European Film Festival: Best Cinematography