W. – Was von der Lüge bleibt

Séance du
  • Réalisation: Rolando Colla, Thomas Ott
  • CH 2020
  • 111 minutes
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W. – Was von der Lüge bleibt

Dimanche 5 février, en présence du réalisateur

Ce documentaire revient sur l’autobiographie de Bruno Wilkomirski, un livre qui a fait grand bruit au niveau international. Il y décrivait son enfance dans des camps de concentration, ce qui fut ensuite dénoncé comme une mystification. Le film explore la manière dont l’imposture s’est produite, en cherchant également à comprendre l’auteur et l’époque, vingt ans après le scandale.

Générique

Réalisation
Rolando Colla, Thomas Ott
Scénario
Rolando Colla
Production
Elena Pedrazzoli, Josef Burri, Urs Augstburger, Emanuele Nespeca, Alessandro Leone, Assaf Amir
Photographie
Rolando Colla, Maciej Tomkow, Gabriel Lobos, Reinis Aristovs, Nir Bar, Sandra Gomez
Montage
Rolando Colla
Musique
Bernd Schurer
Origine, année
CH 2020
Durée
111 minutes
Distribution
Filmcoopi

Citation

« Quel film !
Il fallait bien un Rolando Colla pour que le cas Wilkomirski
soit enfin clos par un chef-d’oeuvre. »

Peer Teuwsen
NZZaS, 07.11.2020 (trad. ds)

Article sur « L’affaire Wilkomirski »

Bruno Dössekker est suisse et clarinettiste. Il a aussi écrit, sous le nom de Binjamin Wilkomirski, un livre intitulé Fragments. Une enfance 1939-1948, où il raconte sa terrible histoire d’enfant juif né en 1939 à Riga (Lettonie), déporté à Auschwitz à quatre ans et adopté par un couple de bourgeois zurichois. Seul problème : cette histoire n’est pas vraie. C’est ce qu’affirme, après d’autres, l’écrivaine et journaliste londonienne Elena Lappin qui a enquêté sur Wilkomirski et publie les résultats de son investigation dans un livre intitulé L’Homme qui avait deux têtes. L’affaire pourrait s’arrêter là. Sauf que cette histoire fascine. Parce que Dössekker n’est pas un imposteur ordinaire et parce qu’il y a une réelle douleur dans son livre. Parce que l’écriture, la publication et le succès de Fragments mêlent l’extermination des juifs, le mal-être d’un enfant adopté, les pratiques sociales pas très glorieuses d’une Suisse bien sous tous rapports, les usages étonnants du monde de l’édition et le statut de la victime et de la tragédie dans notre société.

Quand Fragments paraît en 1995, il est accueilli comme un chefd’oeuvre et reçoit des prix quasiment dans tous les pays où il est publié. La mère mourante qui donne un objet « inconnu, rude, dur », du pain, des bébés qui se rongent les mains, des rats qui sortent d’un ventre de femme… le texte de Wilkomirski a une charge d’émotion et d’horreur qui le distingue des autres témoignages sur la Shoah. Les critiques le comparent à Primo Levi et les survivants des camps se reconnaissent dans ce livre. […]

Le plus intéressant, peut-être […] est ce qui concerne l’enfance réelle de Bruno « dévastée par la perte et le changement ». Avant d’être adopté par ce couple de bourgeois, Bruno a été l’un de ces Verdingkinder, les enfants (pauvres, orphelins ou illégitimes) qui, en Suisse, étaient mis aux enchères et placés dans des fermes. Un système qui n’a été aboli que dans les années 1950.

Qu’il ait voulu « se déclarer juif », parce que l’histoire suisse n’a rien à lui offrir pour expliquer « d’où il vient et ce qu’il est », devient logique, presque normal. Quand on comprend qu’il lui a fallu devenir une incarnation de la victime absolue pour commencer à se sentir vivant (« Cette vie suisse tout en simulacres me donne la nausée. Suffit ! »), on pense tout à coup à coup à Fritz Zorn (de son vrai nom Angst), l’auteur de Mars (publié en 1979). Lui aussi fils de la bourgeoisie zurichoise, lui aussi vomissait son milieu, et il ne s’est senti vivant que le jour où il a eu un cancer, mortel. Bruno Dössekker, lui, a commencé à se sentir vivant en devenant Binjamin Wilkomirski, survivant d’Auschwitz.

Natalie Levisalles
Libération, 02.03.2000

Filmographie

2020
W. – Was von der Lüge bleibt
2019
Quello che non sai di me
2016
Sette giorni
2012
Das bessere Leben ist anderswo
2011
Giochi d’estate
2002
Oltre il confine