The Assassin
Cìkè Niè Yinniáng

Séance du
  • Réalisation: Hou Hsiao-Hsien
  • TWN, 2015
  • 105 minutes
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The Assassin

Dans la Chine du IXe siècle, Nie Yinniang a été éduquée par une nonne qui en a fait un des plus redoutables assassins du pays. Mais Yinniang se laisse encore trop porter par ses sentiments et sa maîtresse lui ordonne de retrouver sa famille pour assassiner son propre cousin Tian Ji'an, le gouverneur de la province de Weibo, qui défie ouvertement l'empereur. Mais Yinniang est toujours amoureuse de Tian Ji'an, auquel elle fut autrefois promise. Rapidement, elle révèle son identité au gouverneur et se retrouve placée devant un dilemme : sacrifier son amour ou trahir l'ordre des assassins auquel elle appartient...

DS

Générique

Réalisation
Hou Hsiao-Hsien
Scénario
Hou Hsiao-Hsien, Chu T'ien-wen, Hsieh Hai-Meng, Ah Cheng
Production
Huang Wen-Ying, Hou Hsiao-Hsien
Photographie
Mark Lee Ping Bin
Montage
Huang Chih-Chia
Musique
Lim Giong
Interprétation
Shu Qi (Nie Yinniang), Chang Chen (Tian Ji'an), Zhou Yun (Lady Tian), Juan Ching-Tien (Xia Jing), Nikki Hsin-Ying Hsieh (Huji)
Origine, année
TWN, 2015
Durée
105 minutes
Distribution
Filmcoopi
Âge recommandé
16

Motivation / Citation

« Un film de sabre plus ciselé que sabreur, au format carré d’eau forte, des compositions de plan étourdissantes, des mouvements de caméra qui cherchent et trouvent la grâce, des décors et des costumes conçus comme introductions au rêve, des corps et des visages passionnément mis en valeur, des couleurs poussées à la quintessence de leur pigment, des scènes de combat furtives comme un pinceau qui zébrerait l’écran, gelées par le ralenti et l’isolement de certains sons, relâchées avec la vitesse d’un ressort, puis tranchées avant même que de pouvoir durer. »

Jacques Mandelbaum
Le Monde, 22.05.2015

Commentaires

« Il n’y a guère que deux façons pour un film de tenir en haleine ceux qui le regardent. L’une, majoritaire, carbure à d’ancestrales recettes littéraires, charpentées d’une économie de péripéties et de dénouements, dont l’emballage imagé, éventuellement gonflé au spectaculaire, n’est parfois qu’incident. L’autre, qui embrasse les actes les plus primitifs du cinématographe d’il y a un siècle en même temps que les rejetons de sa modernité tardive, joue de l’effacement des signes usuels du récit pour y substituer d’autres vertiges. Ceux de mystères, d’abstractions et d’obscurités dont chaque plan nous refuse obstinément le plein dévoilement, tandis que le temps dont ils s’emplissent aiguise le désir de les scruter. Et l’on aurait tort de ne voir que stricte contemplation dans les films de cette lignée : on peut même défendre l’idée qu’il n’est pas cinéma plus romanesque à s’injecter que celui-là, qui nous tient, jusqu’au-delà de la projection, captifs de son secret.

Mais, de ce récit, peu importe de discerner tous les ressorts, puisqu’il peut se lire partout ailleurs : à fleur de ses enluminures d’ors et de drapés, de ses volutes de soieries, de ses glorieuses compositions paysagères aux teintes brûlées, de ses murmures portés à travers voiles et coursives tandis qu’au loin tonnent les tambours, de ses chorégraphies de corps désaccordées à la dérive indocile d’une caméra qui tantôt se fige ou s’élance, se rive à son objet ou le contourne pour poursuivre sa propre obsession méditative. Cela, dans une calme frénésie à tout sublimer sur son passage au travers d’une gaze d’hallucination, entre science-fiction aux accents de moyenâgerie et reconstitution scrupuleuse d’architectures et d’apparats anciens.

Or, plutôt que d’agencer seulement ici une statuaire tragique sous un vernis de toiles de maîtres, Hou Hsiao-Hsien affirme de concert cette autre obsession, redoublant celle de la beauté de toute chose qui rencontre son regard : le souci que jamais celle-ci ne se fige, qu’elle frissonne sans cesse, gonfle voiles et poumons sous l’effet des tensions affleurantes, en de lentes inspirations qui savent se faire foudroiements lors des passes d’armes de Yinniang. Il règne dans ses plans une rare matérialité, une épaisseur quasi pâteuse de l’air et du silence, toujours agités, chargés de quelque chose - fumerolles, vapeurs de thé ou tremblements d’éther.

Film où le mouvement et la couleur tiennent plus que jamais lieu de calligraphie des climats intimes - du ballet martial comme gestuelle de peintre, de la peinture sur soie comme écriture de soi -, The Assassin s’organise ainsi autour d’une poétique venteuse, qui imprime à l’image même cette représentation taoïste, mûrie justement à l’époque Tang, selon laquelle le souffle est synonyme de pulsation intérieure autant que d’élan vital. Entre deux combats, conclus dans la même inspiration sans contour qui les avait initiés, la partition dramaturgique du film n’apparaît que respirations, pauses et soupirs ; vacillements de flammes et ondoiements d’étoffes. Un chant de poussières d’or dans le vent qui balaie ses décors grands ouverts, inextinguible invocation lancée, depuis un abîme de surfaces, à des mondes invisibles. »

Julien Gester
Libération, 8.3.2016

Prix (Sélection)

2016
Asian Film Awards: Bester Film, Beste Regie, Beste Schauspielerin (Shu Qi), Beste Nebendarstellerin (Zhou Yun), Beste Kamera, Beste Musik, Beste Ausstattung, Bester Ton
2015
Cannes: Prix de la mise en scène
2015
Asia Pacific Screen Award: Beste Kamera
2015
Golden Horse Film Festival : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie, meilleurs costumes et maquillage, meilleurs effets sonores

Filmographie (Sélection)

2015
Nie yin niang (The Assassin)
2007
Le voyage du ballon rouge
2005
Zuihao de Shiguang (Three Times)
2003
Kôhi Jikô (Café Lumière)
2001
Qianxi Manbo (Millennium Mambo)
1998
Haishanghua (Flowers of Shanghai)
1996
Nanguo zaijian, nanguo (Goodbye South, Goodbye)
1993
Ximen renshen (The Puppetmaster)
1989
Beiqing Chengshi (City of Sadness)