Rashomon
- Réalisation: Akira Kurosawa
- JP, 1950
- 88 minutes
Rashomon
Un paysan vient s’abriter d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent déjà un bûcheron et un prêtre. Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, vont donner leurs versions des faits, toutes contradictoires…
Générique
- Réalisation
- Akira Kurosawa
- Scénario
- Akira Kurosawa, Shinobu Hashimoto
- Production
- Minoru Jingo
- Photographie
- Kazuo Miyagawa
- Montage
- Akira Kurosawa
- Musique
- Fumio Hayasaka
- Interprétation
- Toshirō Mifune (Tajōmaru, der Bandit/le bandit), Masayuki Mori (Takehiro Kanazawa, der Samurai/le samouraï), Machiko Kyō (Masago, die Frau/la femme du samouraï), Takashi Shimura (der Holzfäller/le bûcheron), Daisuke Katō (Polizist/le policier), Noriko Honma (Geisterfrau/la médium).
- Origine, année
- JP, 1950
- Durée
- 88 minutes
- Distribution
- Trigon Film
Citation
Il en demeure une espèce de chef-d’œuvre, sans parenté, sans passé, et qui apparaît aussi singulier qu’un aérolithe d’un autre monde. […] C’est un grand film et, dans tous les sens du mot, une révélation.
L’Ecole libératrice, 1952
Commentaires
Kurosawa n’a jamais fait mystère de sa passion pour les grands films américains et européens. Mais il aura aussi raconté avec ses films, de manière précise et sensible, des vastes pans de l’histoire et de la culture japonaise à différentes époques et dans de multiples contextes, y compris les arts martiaux et leur philosophie.
C’est au carrefour de ces apports que s’inscrit «Rashomon», inspiré d’une nouvelle de l’écrivain Ryūnosuke Akutagawa parue en 1922, «Dans le fourré». Des commentateurs occidentaux pourront voir dans ce récit d’un viol et d’un meurtre, raconté successivement et très différemment par quatre protagonistes l’influence de Luigi Pirandello, l’auteur de «À chacun sa vérité» et de «Six personnages en quête d’auteur».
Cette approche éclatée, qui remet en jeu l’idée même de vérité unique et valorise les questions de point de vue (question de cinéma aussi, bien évidemment), était bien présente chez l’écrivain japonais, qui ne devait rien à son collègue italien. On pourrait tout aussi bien évoquer «Citizen Kane» d’Orson Welles, film novateur lui aussi construit en flashbacks successifs construisant un récit fragmentaire, sans rien enlever à l’originalité de Kurosawa.
D’une impressionnante puissance visuelle, «Rashomon» est en effet composé, d’une manière très inhabituelle, avec un flashback (le récit du procès par les trois hommes obligés par une pluie diluvienne de se réfugier sous la porte qui donne son titre au film) dans lequel s’enchâssent plusieurs autres, constitués par les quatre témoignages.
Le film détonne tout autant par la définition des personnages, qui ne répondent en rien aux critères du film de genre, y compris lors d’un combat au sabre qui ridiculise ouvertement la supposée maîtrise des armes par ses deux principaux personnages masculins, le brigand exultant de vitalité sauvage et le samouraï.
slate.fr, 09.08.2022
La caméra est placée dans la conscience même des protagonistes : c’est le départ pour un long voyage dans les méandres inextricables du cœur humain. Par trois fois, nous parcourons le même trajet sans nous apercevoir, tant le voyage est riche en surprises. Kurosawa réalise là le rêve de tout cinéaste, filmer une histoire avec autant de points de vue qu’il y a de personnages. En nous permettant de nous glisser dans la peau de chacun des interprètes témoins, l’auteur nous offre des variations aux tonalités si neuves et si séduisantes que chaque partie de l’histoire semble revêtir un caractère nouveau. Impliqués intellectuellement et émotionnellement dans le jeu jusqu’au spasme, nous suivons les manipulations successives de la vérité en enregistrant [et] en confrontant les différences et les analogies comme s’il s’agissait des différentes phases d’une énigme policière. «Rashomon» est un véritable "thriller" de la vérité, une vérité toujours fluctuante.
Akira Kurosawa, 1983
Récompenses
- 1951
- Venice Film Festival: Golden Lion
- 1951
- Blue Ribbon Awards: Best Screenplay
- 1951
- Mainichi Film Concours: Best Actress (Machiko Kyō)
- 1951
- National Board of Review USA: Best Director, Best Foreign Film
- 1952
- Academy Awards: Honorary Award for «most outstanding foreign language film»
Filmographie
- 1949
- Nora inu (Chien enragé)
- 1950
- Rashomon
- 1952
- Ikiru (Vivre)
- 1954
- Shichinin no Samurai (Les Sept Samouraïs)
- 1957
- Kumonosu-jō (Le Château de l’araignée)
- 1958
- Kakushi Toride no San-Akunin (La forteresse cachée)
- 1961
- Yōjimbō (Le Garde du corps)
- 1963
- Tengoku to Jigoku (Entre ciel et l’enfer)
- 1975
- Dersu Uzala
- 1980
- Kagemusha
- 1985
- Ran
- 1990
- Yume (Rêves)
Miracasas
- Réalisation: Raphaëlle Stolz, Augusto Zanovello
- CH/FR, 2022
- 14 minutes
Miracasas
Un village perdu d’ Amérique du sud souhaite perpétuer ses traditions étranges… Le maire a donc publié une annonce dans la région: «Cherche cadavre pour agrandir Miracasas». Fraîchement assassiné, Ernesto est l’heureux élu.