Portrait de la jeune fille en feu
Bretagne, 1770 : Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
DSGénérique
- Réalisation
- Céline Sciamma
- Scénario
- Céline Sciamma
- Production
- Bénédicte Couvreur
- Photographie
- Claire Mathon
- Montage
- Julien Lacheray
- Musique
- Jean-Baptiste de Laubier, Arthur Simonini
- Interprétation
- Noémie Merlant (Marianne), Adèle Haenel (Héloïse), Luána Bajrami (Sophie), Valeria Golino (La comtesse)
- Origine, année
- FR 2019
- Durée
- 119 minutes
- Distribution
- Cineworx
Motivation / Citation
Alliant le feu de la passion, le souffle de la liberté, la rigueur intellectuelle et l’ivresse de la sensualité, Céline Sciamma signe un film d’une rare perfection.
Le Temps, 17.09.2019
Commentaires
Les spectateurs.trices en ressortent transportés, bouleversés, sidérés. Chaque mot, chaque geste, chaque regard semble millimétré sans pour autant couper le souffle romanesque. Grande histoire d’amour, manifeste féministe, hommage aux femmes artistes dont l’histoire a dédaigné l’œuvre, Portrait de la jeune fille en feu témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de la narration, de la mise en scène et de la direction d’actrices – car le film compte quatre rôles féminins et à peine une pincée de figurants mâles.
Le Temps, 17.09.2019
Ici, en art comme en amour, tout est affaire de regard(s). Et celui de la cinéaste s’avère résolument féministe. Un female gaze qui s’insinue autant dans la dramaturgie que dans la mise en scène. Loin du male gaze lubrique de Kechiche, filmant de longs ébats saphiques dans La Vie d’Adèle, Sciamma mise sur une sensualité feutrée mais pas moins intense. Surtout, en évacuant les hommes du cadre et du récit, elle signe un film de femmes comme on en a rarement vu. Sans antagonistes mâles, Portrait de la jeune fille en feu échappe au schéma traditionnel du plaidoyer LGBT, où les amantes auraient vécu leur idylle dans l’adversité. Là, seule la mère marieuse relaie les injonctions patriarcales. Lorsqu’elle s’absente quelques jours, les trois jeunes femmes feront l’expérience d’une sororité à la fois utopique et bien réelle.
Le courrier, 26.09.2019
Auszeichnungen (Auswahl)
Filmografie
Propos de la réalisatrice :
Le film est traversé par des questions très contemporaines. Sont-elles à l’origine du projet?
Je voulais surtout parler d’amour et de création. La dimension politique est apparue durant l’écriture. La question de l’égalité s’est imposée en éliminant les conflits habituels entre les personnages – peu intéressants – pour imaginer une relation amoureuse sans domination intellectuelle de l’une sur l’autre. Au départ, je veux faire un film sur le regard, qui montre les femmes comme des sujets, et c’est devenu un manifeste du female gaze. En retravaillant le scénario, des idées s’affirment et se déploient de manière très organique.
Comment définir ce regard féminin?
C’est la riposte au male gaze, décrit en 1975 par Laura Mulvey comme une triangulation où réalisateur et spectateurs prennent du plaisir à objectifier les femmes. L’imaginaire de l’homme hétérosexuel a colonisé les esprits et imposé des conventions universelles. Le female gaze est un regard dissident, plus hybride. En regardant autrement, on invente des nouveaux personnages, des idées de mise en scène inédites.
Ce regard féminin s’incarne aussi dans votre manière de filmer le désir et les corps, avec autant de pudeur que de sensualité…
Sensuel, ça c’est sûr… Epidermique, chaud comme une peau ! Mais il n’y a pas que les femmes qui peuvent être sensuelles. Les hommes aussi sont capables de déconstruire leur regard. Comme certaines femmes adoptent par ailleurs le male gaze, parce que c’est la culture dans laquelle nous baignons depuis toujours.
Le courrier, 26.09.2019