Little Joe

Séance du
  • Réalisation: Jessica Hausner
  • AT/UK/DE/FR 2019
  • 105 minutes
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Little Joe

Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. Elle a conçu une fleur très particulière, rouge vermillon, remarquable tant pour sa beauté que pour son intérêt thérapeutique. En effet, si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Alice va enfreindre le règlement intérieur de sa société en offrant une de ces fleurs à son fils adolescent, Joe. Mais, à mesure que la plante grandit, Alice est saisie de doutes quant à sa création : peut-être que cette plante n’est finalement pas aussi inoffensive que ne le suggère son petit nom.

DS

Générique

Réalisation
Jessica Hausner
Scénario
Géraldine Bajard, Jessica Hausner
Production
Bertrand Faivre, Martin Gschlacht, Jessica Hausner, Gerardine O’Flynn, Bruno Wagner
Photographie
Martin Gschlacht
Montage
Karina Ressler
Musique
Teiji Ito
Interprétation
Emily Beecham (Alice), Ben Whishaw (Chris), Kerry Fox (Bella), David Wilmot (Karl)
Origine, année
AT/UK/DE/FR 2019
Durée
105 minutes
Distribution
Filmcoopi

Motivation / Citation

L'élégance des couleurs, les décors épurés, la bande-son originale rappellent des séries culte anglaises de la grande époque. Très stylé.

Amélie Cordonnier
Femme actuelle

Commentaires

Ancienne assistante de Michael Haneke, Jessica Hausner aborde un genre inédit dans sa filmo­graphie éclectique, mais en maîtrise parfaitement les codes visuels et narratifs. Une inquiétante étrangeté suinte des décors aseptisés de Little Joe, de sa mise en scène clinique aux lents travellings, de la musique conceptuelle détraquée du Japonais Teiji Ito, ou encore du jeu sans affect des comédiens – Emily Beecham a décroché le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes.
Peu intéressée par les frissons horrifiques, la cinéaste autrichienne préfère instiller torpeur et malaise, traquer les manifestations subtiles d’une menace invisible – ou fantasmée ? Le film transcende en effet son scénario de série B pour cultiver le doute fondateur du fantastique. Mère divorcée absorbée par son travail, négligeant son fils et sa vie sentimentale, Alice est-elle en train de perdre pied, comme le présume sa psy? Car le comportement des «infectés» peut également avoir une ­ex­pli­ca­tion rationnelle (une banale crise d’adolescence pour Joe).
Le récit reste ainsi ouvert à plusieurs lectures. En ce XXIe siècle où l’actualité rejoint souvent l’anticipation, on y verra évidemment une mise en garde contre les manipulations génétiques hasardeuses. Sous ses oripeaux SF, Little Joe sonde aussi la mauvaise conscience d’une femme qui se sent coupable, tiraillée entre épanouissement personnel et responsabilités maternelles. Jessica Hausner interroge encore le mystère des relations humai­nes (ce désarroi quand un proche nous devient soudain étranger) et questionne la notion même de bonheur, obsession contemporaine qui trouve ici une résolution glaçante.

Mathieu Loewer
Le Courrier, 31.01.2020

En même temps, cette solitude d’Alice ouvre à une lecture double du film, qui peut aussi bien nous mener sur la piste du dérapage mental d’une mère célibataire recroquevillée sur elle-même, insensible aux sollicitations du désordre de la vie, posée là comme un pion sur le monde ripoliné qui est le sien. Voici donc, en un mot, une variation sur la série B – quelque chose comme la rencontre de Frankenstein (1931) et de Invasion of the Body Snatchers (1956) – transformée en exercice de style maniériste, qui relève en même temps de la fable anticapitaliste et de la méditation inquiète sur les confins incertains où nous mène le développement de la génétique.
L’expérience de laboratoire à quoi ressemble d’une certaine manière le film, avec son esthétique du refroidissement général, ne saurait donc mieux convenir à la peinture d’un monde rendu quasiment invivable par la stérilisation des sentiments, la modélisation des volontés, le conformisme des désirs. Little Joe nous envoie ainsi une jolie petite carte postale de notre monde contemporain, notamment marqué par l’aliénation grandissante des esprits et des comportements, et l’assujettissement inquiétant de la science aux puissances de l’argent.

Jacques Mandelbaum
Le Monde, 12.11.2019

Prix (Sélection)

2019
Cannes Film Festival: Best Actress (Emily Beecham)
2019
Helsinki International Film Festival: Best Feature Film
2020
Österreichischer Filmpreis: Beste Maske, bester Schnitt, bestes Szenenbild

Filmographie (Sélection)

2001
Lovely Rita
2004
Hotel
2005
Toast
2009
Lourdes
2014
Amour Fou
2019
Little Joe

Imposteur

En avant-projection
  • Réalisation: Elie Chapuis
  • CH/FR 2013
  • 7 minutes
au film principal

Imposteur

Dans une ville, la nuit, un cerf à forme humaine tente de voler l’identité d’un homme en lui arrachant la tête.