Neon Bull
Iremar rêve de confectionner de somptueuses robes de soirée et de parcourir le monde en tant que styliste. Au lieu de cela, elle sillonne le nord-est du Brésil, d'un show de «Vaquejadas» à l'autre, avec 12 puissants taureaux, accompagnée de son collaborateur Zé, de la camionneuse et danseuse extravertie Galega et de sa petite fille Cacá. Cette variante brésilienne du rodéo a le don d'enflammer la population locale. Pourtant, c'est un travail difficile : hommes et animaux doivent cohabiter dans un camion aux allures de mobile-home. Et ne parlons pas du salaire. Tous rêvent de mener une autre vie. Mais cette troupe bigarrée s’est transformée en famille d'adoption, chacun tentant à sa manière de satisfaire ses désirs.
DSGénérique
- Réalisation
- Gabriel Mascaro
- Scénario
- Gabriel Mascaro
- Production
- Rachel Ellis
- Photographie
- Diego García
- Montage
- Fernando Epstein, Eduardo Serrano
- Musique
- Carlos Montenegro, Otavio Santos
- Interprétation
- Juliano Cazarré (Iremar), Maeve Jinkings (Galega), Vinícius de Oliveira (Júnior), Alyne Santana (Cacá), Josinaldo Alves (Mário), Samya De Lavor (Geise)
- Origine, année
- BR/UY/NL 2015
- Durée
- 101 minutes
- Distribution
- Memento Films, Paris
- Âge recommandé
- 18
Motivation / Citation
Chaque scène, chaque geste est ici lesté d’une perceptible sensualité à la fois lumineuse et sale, parce que la promiscuité des hommes et des animaux établit un continuum d’espèce et de désir, articulant ensemble les mains, la peau, le cuir, les sabots, l’attente, la faim et la jouissance.
Libération, 6.9.2016 (Carte blanche Dominic Schmid)
Commentaires
Tous les éléments du pittoresque local sont a priori regroupés pour une fiction charpentée où il serait question des conflits et amours des personnages sur fond de mugissements et de poussière. L’artiste-photographe et cinéaste originaire de Recife, Gabriel Mascaro, choisit plutôt la lente immersion dans un anecdotique exceptionnel, ne soulignant ni n’expliquant rien du donné existentiel qui s’offre ainsi à nous dans la belle simplicité des jours qui passent. Ainsi, les rôles sont constamment bousculés puisqu’Iremar, cow-boy viril, adore à ses heures perdues s’adonner à des travaux de couture, quand il ne crayonne pas des vêtements aux filles à poil dans les magazines pornos que laisse traîner son assistant empoté. (...)
Chaque scène, chaque geste est ici lesté d’une perceptible sensualité à la fois lumineuse et sale, parce que la promiscuité des hommes et des animaux établit un continuum d’espèce et de désir, articulant ensemble les mains, la peau, le cuir, les sabots, l’attente, la faim et la jouissance. C’est là où le film est le plus saisissant, d’être à la fois aussi littéral jusqu’au comique quand un des personnages est aspergé de foutre de cheval ou que les cow-boys se traitent mutuellement de porcs et, en même temps, raffiné dans les transferts poétiques qui ne cessent de passer d’un plan à l’autre entre la chaleur du troupeau et la moiteur du groupe.
Libération, 6.9.2016
D’abord, une sensation très physique : un amas de corps massifs de bovins cadrés de près, des mugissements, des reniflements, des bruits de sabots, des hennissements, des cris, des barrières en bois qu’on ouvre et referme, puis des garçons vachers (en anglais, des cow-boys) qui empoignent la queue de chaque taureau successif pour la talquer et la nettoyer avant de lâcher la bête. Tout cela est filmé avec tellement de proximité, d’acuité, de précision documentaire et de sensualisme qu’on pourrait presque sentir l’odeur du cuir, des peaux et de la bouse.
Quelques plans plus tard, on passe des très gros plans au très large plan, tout aussi beau, qui nous dévoile la scène globale de ce qui précède : un rodéo rural, chapiteau de cirque itinérant planté à l’orée d’un bled du Nordeste brésilien, au pied d’une chaîne de montagnes, sous des cieux de peintre et des palmiers ployant sous le vent.
Gabriel Mascaro s’attache à montrer la promiscuité qui règne au sein de cette troupe itinérante, que ce soit entre les adultes, entre eux et la petite Caca, ou entre les humains et les bêtes. On en revient à notre première impression, la dimension physique, sensuelle et même carrément sexuelle du regard de Mascaro. (...)
Le sexe, c’est le fondement de la vie, mais toute la vie n’est pas réductible au sexe. Neon Bull revêt aussi une dimension politique très subtile, discrète, montrant la précarité des travailleurs du rodéo, l’évolution industrielle d’un pays où les usines grignotent petit à petit le paysage, la survie difficile des traditions culturelles rurales, l’artisanat du rodéo étant peut-être vu ici comme une métaphore du cinéma d’auteur.
A sa façon plus laconique, opaque, moins explicative ou transparente, Neon Bull dit peut-être la même chose qu’Aquarius de Kleber Mendonça Filho : sous le coup des mutations ultralibérales, au Brésil ou ailleurs, on ne sait pas ce qu’on gagne mais on sait ce qu’on perd.
Les Inrockuptibles, 2.9.2016
Prix (Sélection)
- 2015
- Venice Film Festival: Horizons Special Jury Prize
- 2015
- Rio de Janeiro International Film Festival: Best Film, Best Screenplay, Best Supporting Actress (Alyne Santana), Best Cinematography
- 2015
- Hamburg Film Festival: Critic's Award
- 2015
- Adelaide Film Festival: Best Feature
- 2016
- Cartagena Film Festival: Best Film
- 2016
- Durban International Film Festival: DIFF Award for Artistic Bravery
- 2017
- Cinema Brazil Grand Prize: Best Film (Audience Award), Best Actor (Juliano Cazarré), Best Cinematography, Best Original Screenplay
- 2008
- The Beetle KFZ-1348 (doc)
- 2009
- High-Rise (Um Lugar ao Sol) (doc)
- 2010
- Avenida Brasília Formosa (doc)
- 2012
- Housemaids (Doméstica) (doc)
- 2014
- August Winds (Ventos de Agosto)
- 2015
- Neon Bull (Boi Neon)
- 2019
- Divine Love (Divino Amor)