Matter Out of Place
- Réalisation: Nikolaus Geyrhalter
- AT, 2022
- 105 minutes
Matter Out of Place
Le film trace l’itinéraire de nos déchets déplacés et amoncelés en quantités colossales partout sur la planète, jusque dans les coins les plus reculés. Il documente les lieux où ces déchets terminent leur course et où des individus sont réduits à un travail sans fin pour tenter de les maîtriser.
Générique
- Réalisation
- Nikolaus Geyrhalter
- Production
- Michael Kitzberger, Wolfgang Widerhofer, Markus Glaser, Nikolaus Geyrhalter
- Photographie
- Nikolaus Geyrhalter
- Montage
- Samira Ghahremani, Michael Palm
- Origine, année
- AT, 2022
- Durée
- 105 minutes
- Distribution
- Frenetic Films
Citation
Les déchets sont un symbole de la manière dont l’humanité évolue, mais beaucoup plus lentement que ne l’exigerait le progrès technologique.
Commentaire
Chez Geyrhalter, c’est la nature qui parle et celle-ci prend toute la place. Chaque plan est ici un canevas gigantesque aux cadres parfaitement maitrisés et à la photo spectaculaire. Comme les œuvres précédentes du cinéaste, "Matter Out of Place" est une grande réussite esthétique, mais Geyrhalter n’est pas Arthus-Bertrand et cette beauté (dont on pourrait d’abord légitimement se demander si elle a bien sa place face à un sujet aussi grave) n’est pas louche ou superficielle. Elle laisse au contraire la place à une inquiétante étrangeté, presque une forme de violence. Les plans durent suffisamment longtemps pour donner lieu à un vertige, pour que l’on s’inquiète de les voir si déserts et muets. On ne sait jamais trop si les documentaires du cinéaste se situent avant ou après l’apocalypse, et cette angoisse demeure cette fois encore…
Au fil de son tour du monde, "Matter Out of Place" suit le devenir de ces ordures banales. Passant dans des containers puis des machines censées les compacter, ces déchets deviennent de plus en plus petits alors qu’ils passent dans des centrales et des broyeurs de plus en plus immenses et monstrueux, comme si l’échelle de ce travail de gestion dépassait les petits bras humains. Lors d’un plan grinçant, l’employé d’un hôtel de luxe des Maldives prend bien soin de peigner au râteau la plage qu’il vient de nettoyer. Ce zèle absurde fait sourire, mais un écho de cette scène revient plus tard avec beaucoup de sérieux, lorsque des volontaires nettoient le désert du Nevada à coup de… balais individuels. On ne sait pas si cette image finale (avec le bruit des coups de balais qui perdure pendant le générique !) est optimiste dans sa manière de témoigner d’un réel effort collectif ou pessimiste dans sa façon de sous-entendre que cette tâche sisyphéenne ne prendra jamais réellement fin.
Le Polyester, 18.3.23
Habitué à prendre le public à contre-pied, Nikolaus Geyrhalter ne cesse de bouleverser notre vision du monde, de questionner la manière dont nous interagissons avec la planète et ses ressources. Sans jamais se faire simple dénonciateur d’une exploitation désormais évidente, le réalisateur autrichien préfère agrandir à l’extrême un mécanisme qui révèle toute sa nature tragi-comique, et laisser au spectateur la liberté d’interpréter lui-même ce qu’il voit. De l’observation minutieuse de la production de la nourriture industrielle (dans "Notre pain quotidien", 2005) à l’exploration de lieux complètement désertés par l’homme ("Homo Sapiens") et au récent "Earth", qui nous confronte à notre besoin constant de nous approprier un espace qui ne nous appartient pas, Nikolaus Geyrhalter pousse le spectateur à regarder en face une réalité qu’il préférerait, de loin, oublier.
Ce qui rend les films du réalisateur autrichien particulièrement intéressants, trait qu’on retrouve dans son petit dernier, "Matter Out of Place", c’est leur capacité à rester légers et joueurs, malgré la gravité des sujets qu’ils traitent, un contraste qui met en avant encore plus puissamment l’absurdité de ce qu’ils nous montrent.
Cineuropa, 15.8.22
Récompenses
- 2022
- Locarno Film Festival: Pardo Verde WWF Award
- 2022
- Black Canvas Festival de Cine Contemporáneo, México: Beste Regie
- 2022
- Festival dei Popoli di Firenze: Best feature length documentary
- 2023
- ZagrebDox, International Documentary Film Festival: Big Stamp Award
Filmographie
- 1994
- Angeschwemmt (doc)
- 1999
- Pripyat (doc)
- 2001
- Elsewhere (doc)
- 2005
- Unser täglich Brot (doc)
- 2011
- Abendland (doc)
- 2015
- Über die Jahre (doc)
- 2016
- Homo Sapiens (doc)
- 2018
- Die bauliche Massnahme (doc)
- 2019
- Erde (doc)
- 2022
- Matter Out of Place (doc)
Do Not Feed the Pigeons
- Réalisation: Antonin Niclass
- UK 2021
- 9 minutes
Do Not Feed the Pigeons
Il est 2 heures du matin dans une gare routière triste et délavée. Des voyageurs et voyageuses fatiguées et solitaires attendent le dernier bus. Soudain les pigeons – en maîtres des lieux – vont parvenir à attirer leur attention et créer un instant d’harmonie.