Les enfants d’Isadora

Séance du
  • Réalisation: Damien Manivel
  • FR / KR 2019
  • 84 minutes
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Les enfants d’Isadora

Après la mort de ses deux enfants en avril 1913, la danseuse mythique Isadora Duncan a composé un solo intitulé « La Mère ». Dans un geste d’une grande douceur, une mère y caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir. Un siècle plus tard, quatre femmes font la rencontre de cette danse bouleversante.

Générique

Réalisation
Damien Manivel
Scénario
Damien Manivel, Julien Dieudonné
Production
Damien Manivel, Martin Bertier
Photographie
Noé Bach
Montage
Dounia Sichov
Interprétation
Agathe Bonitzer, Manon Carpentier, Marika Rizzi, Elsa Wolliaston, Julien Dieudonné
Origine, année
FR / KR 2019
Durée
84 minutes
Distribution
Sister Distribution

Citation

« C’est la promesse, dans le monde, avec les autres, en soi-même,
de la possibilité d’une élégance du geste, d’une harmonie de formes,
d’un accord entre des rythmes intérieurs et extérieurs.
Ce film a su nous approcher de cela ; il inspire une infinie gratitude. »

Jean-Michel Frodon
Slate.fr, 21.11.2019

Commentaires

De la quête solitaire d’Agathe Bonitzer aux longues discussions qui animent Manon et Marika, jusqu’à la conclusion, déchirante, de la fragile et sublime Elsa, le réalisateur raconte la résurgence de la chorégraphie avec une esthétique d’une grande finesse. L’émotion d’Agathe, par exemple, lorsqu’elle trouve la juste courbure du poignet se déploie dans un magnifique plan de dos, son reflet délicatement cambré dans le miroir. La caméra s’attarde sur les visages, sur la palpitation ténue de la vie : un sourire, une main sur l’anse d’une tasse, la course de l’écume sur le sable… Une invitation à la contemplation, alors que la beauté des images convoque une foule de questions profondes.

Les enfants d’Isadora est un film sur la danse autant que sur la vie, la perte et le deuil. Que reste-t-il des gestes quand leur raison d’être a disparu? Que devient la douce caresse d’une mère quand ses enfants ne sont plus là pour la recevoir? Il y a plus de cent ans, Isadora Duncan esquissait ce bercement de bras vides, prolongé aujourd’hui par ses héritières, avec une ébauche de réponse à l’absence: la mémoire invincible de l’amour.

Marie-Valentine Chaudon
La Croix, 23.11.2019

Ce qui est à venir est, malgré l’apparente absolue modestie du film, d’une ampleur immense. Il s’agit du travail, et il s’agit de la mort ; il s’agit du deuil et de la manière dont des oeuvres peuvent affronter l’abîme insondable de la douleur. Il s’agit des puissances souterraines et sidérantes de la vie, et de sourcières qui en détectent les possibles résurgences. Qui parfois en permettent les triomphants jaillissements, même dans la pénombre d’une marge.

La jeune danseuse parisienne travaille, étudie, réfléchit, essaie. S’épuise, se perd, recommence. Avec l’attention sensible qu’on lui connaît depuis ses débuts, et dont ses deux premiers longs-métrages, Un jeune poète et Le Parc, ont offert des manifestations éclatantes, le réalisateur capte les énergies, les doutes, le courage, la fatigue.

Cela se passe dans une main, dans un pied, dans un geste qui cherche à s’arrondir, à se ralentir. Futile? Il s’agit de la souffrance d’une mère face à la mort de ses enfants. Et de ce qu’elle, il y a si longtemps, avec des moyens si particuliers, si codés, a pu faire de ça. Pour elle-même, bien sûr. Mais aussi pour tout le monde, alors et maintenant. Maintenant on est ailleurs – on comprend que ce film merveilleux avec la jeune chorégraphe jouée par Agathe Bonitzer n’était que la première partie. On s’inquiète qu’une note si juste puisse être tenue ailleurs, autrement. [...]

Dans le public, il y a une femme. Elle est grande, elle est forte, elle est noire. Quand c’est fini, elle rentre à pied dans la nuit de cette banlieue triste, s’arrête à la pizzeria encore ouverte manger un truc, retrouve son appartement dans un immeuble qui n’a rien de folichon. Cette femme a tout d’un monument : une puissance qui sait la fragilité, une légèreté et une détermination qui d’emblée en imposent. Cette femme est un monument.

Elsa Wolliaston, jamaïcaine et américaine vivant en France, est une grande figure de la danse contemporaine africaine. Elle fut aussi l’actrice d’un merveilleux court-métrage de Manivel, «La Dame au chien», quand le jeune réalisateur s’éloignait de sa première pratique, celle de danseur. Ou plutôt, et c’est ce que cristallise si heureusement «Les Enfants d’Isadora», quand Damien Manivel commençait de découvrir comment danser la mise en scène de cinéma.

Jean-Michel Frodon
Slate.fr, 21.11.2019

Filmographie

2022
Magdala
2019
Les enfants d’Isadora
2017
Takara - La Nuit où j’ai nagé
2016
Le Parc
2015
Un jeune poète

Prix (sélection)

2019
Locarno Film Festival: Best Director
2019
San Sebastián International Film Festival: Special Mention

Hladivode – Cooling Waters

En avant-projection
  • Réalisation: Jonas Scheu
  • CH 2016
  • 8 minutes
au film principal
Hladivode Cooling Waters

Hladivode – Cooling Waters

Sur les hauteurs de Sarajevo, dans la brume, des hommes s’affairent autour d’une maison abandonnée. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Quelles traces sont-ils occupés à faire disparaître ?