Le Grand Bal
C'est l'histoire d'un bal. D'un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leurs corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulse.
Générique
- Réalisation
- Laetitia Carton
- Scénario
- Laetitia Carton
- Production
- Jean-Marie Gigon
- Photographie
- Karine Aulnette, Prisca Bourgoin, Laetitia Carton, Laurent Coltelloni
- Montage
- Rodolphe Molla
- Origine, année
- FR, 2018
- Durée
- 95 minutes
- Distribution
- Look Now!
Citation
De ce marathon musical, on ressort aussi intrigué qu’épuisé, mais bien conscient, comme disait Martha Graham, que la danse est le « langage caché de l’âme ».
les inrockuptibles, 26.10.2018
Commentaires
Il faut remonter loin dans le temps pour observer le phénomène de « manie dansante » : cette folie collective s’est manifestée plusieurs fois entre le XIVe et le XVIIIe siècle, et consiste en une irrépressible danse qui s’empare des corps qui n’ont alors pas d’autre choix que de s’y adonner jusqu’à s’écrouler. L’épisode le plus documenté de ce phénomène surnaturel, alors attribué au diable, est connu sous le nom de « l’épidémie dansante de 1518 ». Les possédés mouraient alors d’épuisement ou de crise cardiaque.
Cette épidémie, on ne peut qu’y penser devant les beaux danseurs fous du Grand Bal, de Laetitia Carton, bien qu’une issue bien plus heureuse leur soit réservée. (...)
Car Le Grand Bal est, d’un même mouvement, affaire de transe et de fatigue, et l’un ne semble pas possible sans l’autre. C’est du moins ce que capte Laetitia Carton, qui filme Le Grand Bal non pas comme une observatrice extérieure, mais comme une cinéaste qui a d’abord été contaminée par la manie dansante, avant de décider d’en faire un documentaire. Le point de vue est moins celui de l’œil que celui d’un corps qui frémit, s’impatiente de rejoindre la piste de danse. Voilà pourquoi la cinéaste choisit le plus souvent de fixer sa caméra au milieu du parquet et des danseurs : pour nous faire participer, pour qu’on sente les corps nous frôler depuis notre siège. (...)
Les images sont éloquentes, car tout se lit à la surface des corps : l’euphorie, l’épuisement, le désir. Une grande sensualité se dégage d’ailleurs du Grand Bal, si bien que, même s’il n’est jamais évoqué frontalement, le désir règne en maître sur le festival. Ainsi des conversations entre participants : quand ils ne sont pas sur les parquets, ils évoquent entre eux les danses passées et à venir, leurs hésitations, leurs frustrations de ne pas être invités par des danseurs expérimentés. On pourrait croire qu’ils parlent de rapports amoureux dans un langage codé.
le monde, 31.101.2018
Le documentaire de Laetitia Carton a beau être un film sur la danse, il se rapproche finalement surtout du film sur le collectif Nuit Debout L’Assemblée de Mariana Otero, tant lui aussi capte une expérience collective unique. Mais, là où L’Assemblée raconte l’échec à donner vraiment « voix » à une parole commune, Le Grand Bal ne cesse de filmer l’incarnation radieuse de ce microcosme à visage plus humain. Forcément, Le Grand Bal est une histoire du corps – celui des danseurs qui apprennent à se regarder, à se prendre la main, à se faire confiance par-delà les mots. La caméra à l’épaule de Laetitia Carton nous immerge au plus près des participants, traque l’échange d’un sourire, d’une invitation à danser, l’étreinte des mains et des corps, leurs mouvements virevoltants dans l’ivresse d’un seul et même rythme. La beauté sidérante du Grand Bal tient ainsi à ces moments solaires d’épiphanies indicibles, où le temps reste suspendu. Dans les deux plus belles séquences du film, filmées dans de longs plans larges, des centaines de danseurs se tenant par la main semblent ainsi ne former qu’un seul corps exultant, une longue vague au flux et reflux ondoyant au rythme des violons, d’un accordéon, d’une voix. Ce que capte alors Laetitia Carton c’est avant tout ce formidable « tourbillon de la vie » chanté dans Jules et Jim de François Truffaut, ce moment où le tempo de l’existence, éprouvé collectivement et physiquement, devient si intense qu’il irradie littéralement les images.
critikat.com, 30.10.2018
Filmographie
- 2009
- La Pieuvre
- 2014
- Edmond, un portrait de Baudoin
- 2015
- J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd
- 2018
- Le Grand Bal
Welkom
Jorge aime son père. Son père aime une poule. Jorge n’aime pas la poule, il veut la mettre dans un poulailler. Jorge doit se procurer un permis de bâtir. Mais difficile d’obtenir quelque chose en Flandre quand on ne parle pas le flamand.