La chimera
Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c’est un rêve d’argent facile, pour d’autres la quête d’un amour passé... De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.
Générique
- Réalisation
- Alice Rohrwacher
- Scénario
- Alice Rohrwacher
- Production
- Carlo Cresto-Dina, Alexandra Henochsberg, Pierre-François Piet, Gregory Gajos, Michela Pini, Amel Soudani, Olga Lamontanara
- Photographie
- Hélène Louvart
- Montage
- Nelly Quettier
- Musique
- n/a
- Interprétation
- Josh O’Connor (Arthur), Carol Duarte (Italia), Isabella Rossellini (Flora), Alba Rohrwacher (Spartaco), Vincenzo Nemolato (Pirro)
- Origine, année
- IT/FR/CH 2023
- Durée
- 134 minutes
- Distribution
- Filmcoopi
- Âge recommandé
- 12
Citation
La Chimère est un très beau film, magique, habité de fantômes éternels.
Les Inrockuptibles, 4.12.2023
Commentaires
Le réel est une quête. Telle pourrait être la maxime résumant l’axiome esthétique de La Chimère. Invitant son spectateur à voir l’invisible, ou plutôt l’enfoui – le geste paradigmatique du film étant celui de creuser –, la cinéaste italienne cartographie cette zone si magique au cinéma : l’interstice entre le monde matériel et le surnaturel. Le fantastique est ici un trouble léger, une distorsion subtile du réel. Il ne s’affirme jamais comme une instance spectaculaire, mais repose au contraire sur des effets narratifs et formels très simples.
Ciné-Feuilles n°912
Commentaires
On retrouve avec plaisir l’univers d’Alice Rohrwacher, son amour des personnages secondaires nombreux, farfelus, agités du bocal, poètes de la rue italienne. On dirait que, pour elle, un film se doit d’être une fête de village avec des fanfares de clowns, des personnages qui bougent tout le temps, des amours provisoires, des laissé·es pour compte de la société et des actions secondaires inutiles au récit, mais qui font tout le prix de son cinéma cocasse et foisonnant, vivant. Et puis il y a toujours chez elle ce goût pour le passé très lointain de son pays, non pas celui des Latins, trop banals, mais pour les Étrusques, les premiers habitant·es d’une partie de l’Italie. Un peuple qui reste aujourd’hui en partie mystérieux, parce que les Latins ont tout fait pour le faire oublier et le déconsidérer, peut-être parce que les femmes y détenaient le pouvoir… Ces trésors païens qui ravissaient Pasolini, enfermés dans leurs tombes, sont mis au jour pour de mauvaises raisons (l’argent qui dirige notre monde), mais ils font ressurgir des forces spirituelles que l’on croyait mortes et qui n’étaient qu’endormies.
Les Inrockuptibles, 4.12.2023
Commentaires
Propos de la cinéaste Là où j’ai grandi, on entendait souvent des histoires de trésors cachés, de fouilles clandestines et d’aventures mystérieuses. […] Je n’avais qu’à aller dans les écuries et les caves des environs pour me rendre compte que ces endroits avaient abrité d’autres lieux : des tombeaux étrusques, des refuges d’époques antiques, des lieux sacrés. Cette proximité entre le sacré et le profane, entre la mort et la vie, qui m’a fasciné pendant toute mon enfance, a façonné mon regard de cinéaste. C’est pour cela que j’ai décidé de réaliser un film qui raconte cette intrigue aux multiples facettes. Cette relation entre deux mondes, probablement la dernière pièce d’un triptyque qui s’interroge sur une question qui m’est chère : que faire du passé ? Visuellement, nous avons travaillé avec trois formats de pellicule photographique : le 35mm, qui se prête aux fresques, à l’iconographie, aux grandes illustrations des livres de contes ; le Super 16mm, avec sa capacité inégalée de narration qui, comme par magie, nous emmène directement au cœur de l’action ; et le 16mm, avec une petite caméra amateure, dont l’effet rappelle les notes crayonnées dans les marges d’un livre. Dans La Chimère, j’ai tenté de tisser des fils très disparates, comme dans une tapisserie orientale. J’ai essayé de jouer avec le sujet du film, en ralentissant, en accélérant, en chantant, en proclamant, en écoutant.
Dossier de presse
Filmographie
- 2011
- Corpo celeste
- 2014
- Le meraviglie
- 2015
- De Djess (Kf/cm)
- 2018
- Lazzaro felice
- 2022
- Le pupille (Kf/cm)
- 2023
- La chimera
Récompenses
- 2023
- Cannes Film Festival: AFCAE Art House Cinema Award
- 2023
- Chicago International Film Festival: Best Cinematography, Best Ensemble Performance
- 2023
- Telluride Film Festival: Silver Medallion Award
- 2023
- European Film Awards: Best Production Designer (Emita Frigato)
- 2024
- Nastro d'Argento (IT): Best Supporting Actress (Isabella Rossellini)
- 2024
- Swiss Film Awards: Best Sound (Xavier Lavorel)