I Am Not a Witch

Séance du
  • Réalisation: Rungano Nyoni
  • GBR/FRA/ZMB/GER, 2017
  • 93 minutes
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I Am Not a Witch

Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre… Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?

DS

Générique

Réalisation
Rungano Nyoni
Scénario
Rungano Nyoni
Production
Juliette Grandmont, Emily Morgan
Photographie
David Galego
Montage
George Cragg, Yann Dedet, Thibault Hague
Musique
Matthew James Kelly
Interprétation
Maggie Mulubwa (Shula), Nellie Munamonga (Police Officer), Dyna Mufuni (Leader), Nancy Murilo (Charity)
Origine, année
GBR/FRA/ZMB/GER, 2017
Durée
93 minutes
Distribution
Outside the Box

Motivation / Citation

« C’est un magnifique conte onirique qui parle de liberté, qui brosse le portrait d’une société empêtrée dans ses superstitions et des femmes qui en font les frais. Lors du NIFFF, c’est ce film qui a retenu mon attention et m’a touchée profondément. On en ressort plutôt léger, porté par la poésie, parfois absurde, distillée par la réalisatrice. »

Florence Aellen
Guilde du film

Commentaires

« Un mélange de solennité et de comique colore ainsi tout le film, à des dosages variables. Le pari était risqué, mais il est réussi, et la magie tient à cet équilibre subtil. Méditation sur la servitude volontaire et sur la liberté, évocation de la condition des femmes dans les sociétés patriarcales africaines, telle qu’elle participe d’un système plus vaste de domination et de corruption à tous les étages, I Am Not a Witch conjugue les registres allégorique et fantasmagorique d’une peinture réaliste de la société zambienne, et évite ainsi les écueils du film à sujet, du pathos, de la dénonciation programmatique. (...)
Saisissant avec amour les vagues d’effroi, de sidération, de joie, de désespoir, qui glissent sur ses yeux, la caméra la filme avec une tendresse infinie. C’est ainsi, par cette émotion brute jaillissant sur l’écran, que le film touche juste. Le scandale de la condition de ces femmes arrachées au monde, stigmatisées à vie, mises au service d’un pouvoir grotesque, le scandale de l’enfance bafouée, qu’incarne tout à la fois Shula, s’impriment sur son beau visage comme ce tatouage qu’on lui fait sur le front au début du film. La puissance de la fable est à la mesure de cette absolue simplicité. »

Isabelle Regnier
Le Monde, 27.12.2017

« I Am Not a Witch, oscille toujours entre drame social et comédie loufoque, et prend à revers toutes les représentations habituelles des traditions et rites de l’Afrique subsaharienne. Le folklore, souvent étrange et parfois grotesque, ne fascine pas du tout Rungano Nyoni. Mettant en avant la stupidité et la dangerosité de ces traditions, la réalisatrice signe un portrait inhabituel, peut-être jamais vu, d’une Afrique qui fait face à la modernité, mais reste empêtrée dans ses traditions. Car le monde dans lequel s’insère ce folklore – qui dépasse l’anecdotique, ou même le fait religieux, mais va jusqu’à motiver chacune des actions des personnages – est paradoxalement très moderne, ou en tout cas proche d’un fonctionnement à l’occidentale. Et c’est peut-être ce qui rend ces condamnations traditionnelles encore plus surprenantes et dérangeantes.
I Am Not a Witch est ainsi un film à scènes, dont chacune ou presque présente, dans un contexte réaliste, une situation ubuesque – tantôt risible, tantôt violente, et souvent les deux. Rungano Nyoni reprend dans son film deux figures symboliques de l’Afrique subsaharienne : le prêtre et le politicien – qui finissent par être très semblables. En le tournant en ridicule, la réalisatrice met le doigt sur une violence souvent oubliée au nom de l’identité africaine postcoloniale. Avec sa mise en scène très travaillée, sa superbe photographie signée de David Gallego, la finesse de ses décors et costumes, ses couleurs, chaudes et saturées, I Am Not a Witch s’inscrit en faux contre une tradition d’un certain cinéma africain naturaliste, héritier du documentaire ethnologique. Enfin, fait rare dans le cinéma africain à vocation internationale, dans cette tragédie surréaliste brillent aussi des moments très drôles, soulignés par les prestations de Henry BJ Phiri, homme politique aussi crédible que caricatural, et surtout de la touchante Maggie Mulubwa, la petite Shula, sûre d’elle et culottée, mais brinquebalée dans un monde incompréhensible et injuste. »

Pierre Charpilloz
Bande à part, 24.12.2017

Prix (Sélection)

2018
BAFTA Film Award : Outstanding Debut
2017
Africa International Film Festival : Best Feature Film
2017
British Independent Film Awards : Best Director, Breakthrough Producer, Douglas Hickox Award

Filmographie

2017
I Am Not A Witch
2014
Listen (cm)
2011
Mwansa the Great (cm)
2009
20 Questions (cm)