Fortuna

Séance du
  • Réalisation: Germinal Roaux
  • CH/BE/ET 2018
  • 106 minutes
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Fortuna

Fortuna, adolescente éthiopienne de 14 ans, sans nouvelles de ses parents depuis son arrivée sur les côtes italiennes, est accueillie en Suisse avec d’autres réfugiés dans un hospice à plus de 2000 m d’altitude pour passer l’hiver. Une communauté de religieux catholiques les héberge en attendant que leur sort soit régularisé par les institutions suisses. C’est là que Fortuna retrouve Kabir, un réfugié éthiopien de 26 ans, dont elle tombe éperdument amoureuse. Leur relation se construit à l’abri des regards jusqu’au jour où Kabir disparaît mystérieusement à la suite d’une descente de police.

LG

Générique

Réalisation
Germinal Roaux
Scénario
Germinal Roaux
Production
Ruth Waldburger, Jean-Marie Gindraux, Anne-Laure Guégan
Photographie
Colin Levêque
Montage
Sophie Vercruysse
Interprétation
Kidist Siyum Beza (Fortuna), Bruno Ganz (Frère Jean), Patrick d’Assumçao (M. Blanchet), Assefa Zerihun Gudeta (Kabir), Yoann Blnac (Frère Luc)
Origine, année
CH/BE/ET 2018
Durée
106 minutes
Distribution
Vega Distribution

Motivation / Citation

Alliant beauté de l’image et interrogations spirituelles, Germinal Roaux raconte en noir et blanc une tragédie humanitaire dans le décor glacé des Alpes. Un film splendide et bouleversant.

Antoine Duplan
Le Temps, 07.04.2018

Commentaires

Avec Fortuna, le réalisateur lausannois atteint au sommet de son art, qui conjugue perfection formelle, sincérité et amour des gens. Chaque plan est composé avec une rigueur extrême. Vues extérieures dans lesquels les amas de neige brouillent les lignes droites de l’architecture humaine. Clairs-obscurs dignes de Georges de La Tour : Fortuna regarde par la fenêtre et son profil se détache sur quelques verticales jalonnant la nuit et la lumière. Le cinéaste s’exprime exclusivement en noir et blanc. Cette prescription impose une certaine distance et va à l’essentiel, la vérité des regards. Par ailleurs, Germinal Roaux a l’élégance de parier sur l’intelligence du spectateur. Il privilégie l’ellipse, escamote des éléments comme la policière qui interroge Fortuna, suspend chaque scène avant qu’elle ne tourne à la dissertation. Il fait confiance à la puissance de l’image et du son pour raconter sans glose les tourments de l’âme.

Antoine Duplan
Le Temps, 07.04.2018

Propos de la réalisatrice

Comment s’est déroulée la direction d’acteurs ?

Avec Bruno Ganz, il n’y a eu aucune improvisation, seulement de l’interprétation, la quête d’une vérité. Au niveau de la gestuelle aussi, tout était très calé, très minuté. Pour Kidist Siyum Beza (Fortuna), j’ai travaillé autrement, sans lui donner le scénario. On avait établi une relation de confiance mutuelle, presque une relation fraternelle. J’ai eu la chance de disposer de trois semaines avant le tournage pour lui raconter l’histoire. Tous les jours, je lui racontais le film comme on raconte une histoire aux enfants. Le lendemain, je lui demandais de me redire ce qu’elle avait compris ; il y avait des choses sur lesquelles elle accrochait, d’autres moins, des choses qu’elle avait oubliées. Mais dans son interprétation, dans la façon qu’elle avait de me raconter cette histoire-là, avec sa force incroyable de s’approprier les histoires, de les vivre vraiment, tout à coup dans ce qu’elle retenait il y avait des petites perles à attraper. Elle amenait parfois une vérité aux événements que je n’aurais pas pu imaginer. Cette vérité émane de son être, de ses origines, de sa langue. […] J’ai toujours besoin d’attraper l’âme des acteurs. Dès le début du projet, je voulais Bruno Ganz, mais pas que pour l’acteur, aussi pour l’homme qu’il était, pour sa voix, pour son visage. Je ne désirais pas seulement un interprète, je voulais que Ganz devienne ce prêtre. Avant le tournage, j’ai donc enregistré toutes les interviews que j’ai trouvées dans lesquelles Bruno Ganz parle en français. Et dans ces entretiens, ce n’est pas l’acteur qui parle mais c’est l’homme, avec son accent suisse allemand, ses petites fautes de français. J’ai écouté ces interviews en boucle jusqu’à ce que cette voix, cette façon de parler, cette manière d’être m’imprègnent, et puis tous les dialogues je les ai récrits avec cette musique en tête. Et d’ailleurs à la lecture du scénario il a dit : « Mais on ne dit pas cela ainsi en français ? », et je lui ai dit : « Non mais toi tu le dis comme cela ». Le résultat de cette démarche c’est que lorsque je voyais ce prêtre me parler, c’était à la fois Bruno Ganz et ce prêtre. Cette démarche se passe ensuite de direction d’acteur. Il suffit de capter et de faire refaire jusqu’à ce que cela sonne vrai.

Laure Cordonier
Décadrages n° 40-42, automne 2019

Prix (Sélection)

2018
Berlinale: Gläserner Bär für den besten Film, Grosser Preis der Internationalen Jury (Generation 14plus).
2018
Französische Filmtage Tübingen-Stuttgart: Bester Film.
2018
Golden Apricot Yerevan International Film Festival: Silver Apricot.

Filmographie (Sélection)

2004
Des tas des choses (Kf/cm)
2007
Icebergs (Kf/cm)
2013
Left Foot Right Foot
2018
Fortuna