Clara Sola

Séance du
  • Réalisation: Nathalie Álvarez Mesén
  • SE / CR 2021
  • 108 minutes
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Clara Sola

Dans un village perdu au Costa Rica, Clara, une femme souffrant d’un handicap physique, vit sous l’emprise de sa mère qui la considère comme une émanation de la Sainte Vierge. À quarante ans, elle tente de se libérer des conventions religieuses et sociales oppressant son corps et son existence, ce qui la mène à un éveil sexuel. Une émancipation à la fois réaliste, magique, sensorielle et symbolique.

Générique

Réalisation
Nathalie Álvarez Mesén
Scénario
Nathalie Álvarez Mesén, Maria Camila Arias
Production
Nima Yousefi
Photographie
Sophie Winqvist Loggins
Montage
Marie-Hélène Dozo
Musique
Ruben De Gheselle
Interprétation
Wendy Chinchilla Araya (Clara), Ana Julia Porras Espinoza (Maria), Daniel Castañeda Rincón (Santiago), Flor María Vargas Chaves (Fresia)
Origine, année
SE / CR 2021
Durée
108 minutes
Distribution
Trigon

Citation

« Un récit d’émancipation engagé, délicat et sensoriel
qui épouse la perception du monde de son émouvante anti-héroïne,
brillamment incarnée par une danseuse de formation. »

Baptiste Thion
Le Journal du Dimanche, 28.05.2022

Commentaires

Combien de premiers longs métrages peuvent se targuer en quelques plans de faire preuve d’une telle personnalité, d’une singularité de regard, de ton, et de trouver un vrai point de vue ? C’est ce qui saute très vite aux yeux dans Clara Sola, réalisé par la Suédoise d’origine costaricienne Nathalie Álvarez Mesén. Clara Sola raconte l’histoire d’une femme de quarante ans, maintenue dans une forme d’obscurantisme ; le film, plus précisément, raconte une quête d’émancipation, un moyen de se soustraire à l’oppression de la religion et des hommes. La cinéaste, à cet égard, commente : « les rôles que nous devons jouer en tant que femmes, c’est quelque chose qui m’intéresse – que ce passe-t-il quand nous cessons d’endosser ces rôles ? ».

Que se passe-t-il lorsque l’héroïne prend une telle décision dans Clara Sola ? Beaucoup de choses, même lorsque celles-ci sont invisibles. Le film parvient à ouvrir des portes vers la magie rien que par la mise en image. Le réalisme magique rayonne sur Clara Sola – le réel est mis en scène avec aspérité, mais celui-ci est traversé par des figures de conte, des visions hallucinées de cheval blanc dans une jungle merveilleuse où volent des lucioles. Cette nature est luxuriante mais elle n’est qu’un aperçu du riche monde intérieur de son héroïne.

Nathalie Álvarez Mesén privilégie la rétention d’information, installant ainsi un halo de mystère, une tension étrange. La physicalité de Wendy Chinchilla, danseuse de formation, apporte aussi beaucoup à Clara qui est dans son monde, parle aux animaux et sent les tremblements de terre. L’action réduite valorise le récit atmosphérique, l’approche sensorielle – le film est d’ailleurs meilleur lorsqu’il est moins immédiatement narratif, lorsqu’il explique moins : la cinéaste est suffisamment habile formellement pour ne pas avoir besoin de trop en dire.

Nicolas Bardot
Le Polyester, 31.05.2022

Clara trouve en la nature un berceau enveloppant et humide auquel elle confie sa chair. Ce corps-à-corps sensuel, filmé avec une extrême délicatesse par la réalisatrice, pourrait apparaître comme un retour idéal au jardin d’Eden. Il est en réalité un champ miné où Clara, jusquelà contrainte à demeurer une sainte aux yeux de tous, apprend par la jouissance à se défaire de ses chaînes. Il faudra l’arrivée dans les parages d’un garçon pour qu’elle parvienne à s’en dégager définitivement. Autrement dit, pour que la madone devienne une femme.

Autour de cette métamorphose d’une chrysalide en papillon, Nathalie Álvarez Mesén réalise un premier long-métrage d’une intense et édifiante beauté. En se tenant au plus proche du vivant, d’un grain de peau, du pelage d’un animal, Clara Sola ravive nos sens, nous ramène aux origines, à cet état primitif du désir qui rend sensible au moindre frémissement d’une aile ou d’une feuille. C’est à ce désir – de sa naissance à son assouvissement – que demeure suspendu le récit. Et c’est à travers lui que la cinéaste trace son chemin pour conduire, l’air de rien, son héroïne à l’émancipation.

Véronique Cauhapé
Le Monde, 01.06.2022

Prix (sélection)

2022
57th Guldbagge Awards (Sweden): Best Picture, Best Director, Best Screenplay, Best Cinematography, Best Sound.
2021
Festival de cine de Lima: Best Film, Best Actress (Wendy Chinchilla Araya), Best Photography.
2021
Mostra de Sao Paolo: Best Film, Best Actress.
2021
Thessaloniki International Film Festival: Special Jury Award for Best Director

Filmographie

2021
Clara Sola
2015
Asunder (Kf/cm)
2015
Filip (Kf/cm)
2011
Inte Blå (Kf/cm)