Atlantique

Séance du
  • Réalisation: Mati Diop
  • SN/FR/BE 2019
  • 105 minutes
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Atlantique

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu'il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.

DS

Générique

Réalisation
Mati Diop
Scénario
Mati Diop, Olivier Demangel
Production
Judith Lou Lévy, Eve Robin
Photographie
Claire Mathon
Montage
Aël Dallier Vega
Musique
Fatima Al Qadiri
Interprétation
Mame Bienta Sane (Ada), Amadou Mbow (Issa), Ibrahima Traoré (Souleiman)
Origine, année
SN/FR/BE 2019
Durée
105 minutes
Distribution
Trigon

Motivation / Citation

«Le cinéma a trouvé sa nouvelle poétesse, Mati Diop, qui filme le soleil comme un personnage épuisé, las d’éclairer le monde réel et sa morne répétition.»

Clarisse Fabre
Le monde, 30.09.2019

Commentaires

L’un des plus beaux films de l’année s’appelle Atlantique. Sans déterminant, car Atlantique se suffit à lui-même : il est énorme comme la promesse que ses flots recouvrent, comme ces rêves d’ailleurs que l’océan attise et engloutit. C’est un film à hauteur d’infini, élégiaque et mystérieux, que la mer aurait pu noyer de tout ce que désormais elle charrie, corps sans nom, tragique contemporain. «L’odyssée de Pénélope plutôt que celle d’Ulysse», expliquait la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop. […] Le palimpseste grec n’est pas choisi au hasard, il ramène à l’essentiel et à l’idée d’un récit-seuil qui lance durablement la manière de percevoir le monde, de conter les tribulations, la géométrie des rapports de forces, la couleur des paysages, la part de l’aventure et de l’attente.

Didier Péron, Elisabeth Franck-Dumas
Libération, 01.10.2019

Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont les témoignages des habitants – donc le matériau du réel – qui ont fait bifurquer le scénario vers le fantastique.
Le film commence dans la poussière d’un chantier où les ouvriers (parmi lesquels Souleiman) sont en colère. Ils travaillent sur la tour qui s’impose en arrière-plan, autre totem du film – géant métallique qui domine l’océan et en abrite les secrets – et cela fait trois mois qu’ils ne sont pas payés. Cette impossibilité de gagner sa vie et de soutenir sa famille fait désespérer les jeunes hommes. Quand Ada, le soir, rejoint le bar en plein air où elle a l’habitude de retrouver ses amis, elle apprend que « les garçons » sont partis en pirogue.
Il n’est pas nécessaire d’en dire plus, et mieux vaut s’attacher aux fils de cet ample récit qui sans cesse se réinvente tandis que l’héroïne fait sa mue – voir le regard caméra de la jeune Ada. « Ce film, c’est l’odyssée de Pénélope », aime à dire Mati Diop.
Atlantique est une histoire d’amour fou et d’émancipation, un film de revenants, une enquête policière menée par un inspecteur bizarre et tourmenté, Issa, persuadé que Souleiman a allumé un incendie le soir des noces d’Ada et de son époux. C’est enfin une chronique de la jeunesse dakaroise, fière et résistante, laquelle a connu son « printemps » et forgé ses revendications.
Le film glane des indices sur ces filles qui paient chèrement leurs marges de liberté, entre jeans moulants et « djinns » envoûtants, du nom de ces esprits qui s’emparent, dit-on, des mauvaises croyantes. Les mères ne sont pas épargnées, qui parfois se montrent complices de l’ordre patriarcal, tandis que la police file doux avec les notables. C’est cette chaîne de docilité que s’emploient à briser les personnages, dans leur vie réelle ou fantasmée. […]
Deux idées puissantes font d’Atlantique un poème rageur et atmosphérique : la première consiste à raconter la migration du côté des femmes restées au pays, lors de quelques scènes hallucinatoires où elles reprennent le pouvoir. La seconde, c’est d’avoir imaginé ce que diraient les morts s’ils pouvaient s’exprimer. Quels seraient leurs mots, et comment articuler ce « retour » avec l’histoire d’amour ? Un des plus beaux plans du film montre Ada/Mama Sané déambulant, seule dans le bruit de la ville, tandis qu’un garçon des rues esquisse un étrange mouvement sur son passage.

Clarisse Fabre
Le monde, 30.09.2019

Prix (Sélection)

2019
Cannes Film Festival: Grand Prix du Jury
2019
BFI London Film Festival: Prize for Best debut feature
2019
New York Film Critics Circle Awards: Best First Film
2019
Festival du cinéma africain de Louxor: Grand Prix

Filmographie (Sélection)

2009
Atlantiques (doc Kf/cm)
2011
Snow Canon (Kf/cm)
2012
Big in Vietnam (Kf/cm)
2013
Mille Soleils (doc Kf/cm)
2019
Atlantique

Newspaper News

En avant-projection
  • Réalisation: Sophie Laskar-Haller
  • CH 2019
  • 6 minutes
au film principal

Newspaper News

Une femme lit le journal avec une telle intensité qu'elle en est littéralement dévorée. Peinte sur ses pages, elle est témoin de certains des événements tragiques de notre époque. Pourtant, dans son désespoir, elle transforme ces ténèbres en mouvement et en art, et elle plante ainsi les graines de l'espoir.